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terres de soleil et de sommeil

et il a de l’esprit. Ses manières sont nobles et gracieuses. Je pense parfois qu’il ressemble un peu à des amis que j’ai en France. Mais le grand secret de la race m’apparaît alors et l’être que je voulais près de moi devient lointain, insaisissable.

Maintenant que je vois la mort tourner autour de lui, il est plus lointain encore, Sama, et moi je suis plus triste de l’avoir connu.

La terre des Moundangs est emplie d’une majesté funèbre. Je m’y sentis désemparé et las, avec des pensées de désastre et de sépulcre. A quoi j’étais incliné par l’impression même qui se dégageait de cette plaine aride, de ce sol dur, aux horizons ascétiques.

La terre des Moundangs est une grande page de désolation dans le livre merveilleux de l’Afrique. Les plissements du terrain s’y déroulent à l’infini comme une grande houle fixée dans un éternel silence.

Pour une sensibilité délicate que froissent les paysages arrangés de notre occident, et les effets trop attendus de nos terres latines,