honte comme d’une mollesse et d’une lâcheté.
C’est que je l’aimais bien, cet étrange et charmant Sama ! Quand on passe rapidement dans un pays noir, on a tendance à croire que tous les hommes sont semblables ; on n’imagine pas qu’il y ait, parmi ces sauvages, des hommes bons et des hommes mauvais, des hommes gais et des hommes tristes ; on n’admet pas qu’ils puissent avoir des personnalités marquées et originales.
Et quand on les connaît mieux, on s’aperçoit qu’on ne les connaît pas du tout ; on s’aperçoit que chaque être a sa nuance particulière, que celui-ci ne ressemble pas à celui-là, et l’on est étonné de cette confusion inattendue. Certes, Sama n’est pas semblable aux autres. Maintenant que nous sommes des amis, je m’en aperçois bien. Sama a beaucoup de défauts. Il est menteur, rusé, plein de vices, et voleur aussi. Mais il a une finesse native qui rachète tout cela, une finesse qui n’est qu’à lui, faite de distinction et de tendresse. Il n’est pas vulgaire