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terres de soleil et de sommeil

Nous arrivâmes clans un pays qui nous changea beaucoup de ce que nous avions vu jusqu’alors. Les villages devenaient plus rares et ils n’étaient souvent que quelques cases, entourées d’une haute palissade circulaire, avec un grand arbre au milieu. Nous passions souvent de larges vallées au fond desquelles chantait un mince filet d’eau. Ces ruisseaux coulaient tantôt vers le nord et tantôt vers l’ouest. Je compris alors que nous étions sur le faîte qui sépare les eaux de la Bénoué, de celles du Mayo Kabi. C’était une indication, dans l’ignorance où nous étions de notre route et la promesse que l’on arriverait bientôt au but. La joie que j’en éprouvai ne m’empêcha pas de tomber malade.

Un matin, sur la route, je sentis les approches d’une forte fièvre. Sensation étrange, inexprimable, presque un peu voluptueuse, que celle de cette petite mort qui arrive dans l’anéantissement de la pensée et du vouloir. Je me rappelle vaguement un immense pays où les indigènes avaient brûlé les herbes. La