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terres de soleil et de sommeil

VIII

Pensées de la route.

Un Laka marche devant moi sur l’étroit sentier où nous nous hâtons dans la fraîcheur exquise du matin. C’est une belle bête, libre et farouche, toute de fierté et de douceur. A le voir marcher parmi les arbres clairs, à épier son geste sobre et harmonieux, j’éprouve un contentement parfait. J’admire tant de force, unie à tant de grâce.

Dans sa main gauche, il tient sa lance levée et s’enfuit légèrement, tel un annonciateur de victoire. Sa tête, au-dessus du cou mince et long, se penche un peu en arrière, et parfois il tourne vers moi ses deux grands yeux un peu fendus en amande, tandis que ses lèvres sourient finement.