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quée d’un signe, elle portait un caractère très accentué. — Des vieillards aux traits durs venaient le matin, à la tente française. Ils avaient des regards aigus, la démarche humble, genoux ployés, de l’Hébreu. On y voyait aussi venir de jeunes hommes aux grands yeux fiers, et ils rejetaient en arrière leur tignasse annelée : douceur berbère, fierté jugurthinienne. Certains étaient de vrais Aryens, et Maxence croyait retrouver quelque Français de sa connaissance. Tel guerrier se présentait, fier comme un gueux, mais le maintien sérieux, les traits fins, la draperie annonçaient l’aristocrate. Il ne venait que mendier quelques poignées de riz.

Mais ceux que Maxence recherchait d’instinct étaient les contemplatifs, les rêveurs des steppes, ceux dont le jeûne a rongé les chairs et amenuisé le cœur. Un jour qu’il s’était aventuré loin du camp,