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jaillir de cette lutte avec la vie. Ainsi Jacob luttant avec l’Ange, qui est le vrai.


Maxence méditait encore sur les lignes de Pierre-Marie, quand un Maure entra dans sa tente, et lui dit qu’une bande de pillards, alourdie par des prises nombreuses, remontait vers le Nord et qu’elle passerait sans doute non loin du camp, à l’endroit que l’on appelle Tamra. Maxence pose sur le sable la Vierge en pleurs, que le vent emporte, il fait seller quelques méharas, il s’élance à la tête de ses hommes. Course folle ! Il sent derrière lui les pas élastiques des chameaux, il sent la grande coulée vers l’avant, les cous tendus, et tous les siens se poussant, se dépassant, comme les cymbales que frotte le musicien. C’est un frémissement de joie qu’il précède. Lui-même a les dents rageuses, l’œil volontaire. Ils courent longtemps, — et puis voici les