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Pendant l’écrasante chaleur des jours, tandis que partisans et méharistes dormaient sous leur soleil familier, Maxence restait d’ordinaire sous son frêle abri de toile, et là, les genoux au menton, il attendait simplement, il attendait, non le soir, mais il ne savait quoi de mystérieux et de grand. Ainsi, dans cette terre morte, où jamais être humain n’a fixé sa demeure, il lui semblait sortir des limites ordinaires de la vie et s’avancer, tremblant de vertige, sur le rebord du plus haut ciel.

Le soir, il montait sur les rochers abrupts qui dominaient le camp vers le nord. Jusqu’où le regard pouvait s’étendre, il ne voyait que des arbustes rabougris aux maigres frondaisons, dispersés sur des aires désolées. Au loin, des collines gréseuses encerclaient l’horizon, mais plutôt que de s’y perdre, son regard revenait vers les palmes dont l’ombre claire abritait les tentes des soldats. Seules, elles