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Puis il rejoignit ses gens et tout de suite donna l’ordre d’établir tout autour du camp une forte clôture en branches épineuses. Et puis enfin, il se retira sous sa tente, un peu étourdi, mais heureux d’avoir jeté l’ancre, après avoir tant de jours marché dans le soleil et les vents brûlants du large.

Alors commence pour Maxence une vraie vie de solitude et de silence. Là, dans ce carré de trente mètres, n’ayant plus même le bourdonnement des départs et des arrivées, il apprit réellement ce qu’est la solitude, enfouie au sein même de la silencieuse nature. Car la Règle de l’Afrique est le silence. Comme le moine, dans le cloître, se tait, — ainsi le Désert, en coule blanche, se tait. Tout de suite, le jeune Français se plie à la stricte observance, il écoute pieusement les heures tomber dans l’éternité qui les encadre, il meurt au monde qui l’a déçu.