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tousant délicatement les obstacles, ne cessaient pas de se balancer harmonieusement, selon la manière accoutumée. Maxence, ivre d’espace, poursuivit la marche. Mais bientôt il dut, certains éléments traînant à l’arrière, jalonner sa route en faisant allumer de grands feux. Alors, de derrière chaque pan de la montagne surgirent de grandes flammes, comme des feux de Bengale au-dessus des buissons. Plusieurs plans apparurent et chacun avait son embrasement propre. Par derrière les promontoires des rocs, dans la nuit froide, sereine, la terre était embrasée jusqu’aux étages inférieurs de la montagne. Les hommes, silencieux, sinuaient à travers les hauts portants, découvrant à chaque détour, un feu nouveau, et marchaient dans une route de flammes. Ce spectacle exalta Maxence. Il se voyait, chef d’une troupe de guerre, par ce soir sans lune, au plus épais de la