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lune, elle ne s’arrêta que dans le milieu de la nuit, quelque part, dans la solitude silencieuse.

Tandis que les tirailleurs s’étendaient sur le sable, enroulés dans leurs couvertures, leur jeune chef, debout au milieu du carré que formait ce camp d’un soir, saluait, le rêve au cœur, la nuit de la délivrance. Des souffles frais circulaient parmi les mimosas épineux. Tout reposait dans la pureté exquise de la lune claire, et sur le ciel blanc, les sentinelles, baïonnette au canon, faisaient de vives découpures immobiles.

Ah ! il la reconnaissait enfin, Maxence, cette odeur de l’Afrique, cette odeur qu’il avait tant aimée ! Il la reconnaissait, cette brise vivifiante qui exalte ce qu’il y a de meilleur en nous, et il se reconnaissait lui-même, tel qu’il avait été en ses années d’adolescence, lorsque, traversant d’autres solitudes, il les appelait auxilia-