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la trouvèrent démunie, sans défense contre le mal, sans protection contre les sophismes et les piperies du monde.

À vingt ans, Maxence errait sans conviction dans les jardins empoisonnés du vice, mais en malade, et poursuivi par d’obscurs remords, troublé devant la malignité du mensonge, chargé de l’affreuse dérision d’une vie engagée dans le désordre des pensées et des sentiments. Son père s’était trompé : Maxence avait une âme. Il était né pour croire, et pour aimer, et pour espérer. Il avait une âme, faite à l’image de Dieu, capable de discerner le vrai du faux, le bien du mal. Il ne pouvait se résoudre à ce que la Vérité et la Pureté ne fussent que de vains mots, sans nul soutien. Il avait une âme, ô prodige, et une âme qui n’était pas faite pour le doute, ni pour le blasphème, ni pour la colère. Pourtant, cet homme droit suivait une route oblique, une route ambiguë, et