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l’analyste du Voyage dans ce travail de creusement moral auquel il s’abandonne. Il s’est reconnu soldat, et il se reconnait maintenant, dès qu’il se heurte au milieu dans lequel il doit agir, soldat français. Au départ pour le désert il se disait bien : « C’est la France qui m’a donné, à moi, humble lieutenant, cette immense contrée comme un parc où je puisse m’ébattre et bondir, aller et venir, selon mon caprice et comme au hasard de mon bon plaisir. » Et aussitôt il ajoutait : « Mais lui, Maxence, n’avait envers sa patrie aucune reconnaissance… » Cri étrange et qui serait blasphématoire, si, justement, ce Voyage du Centurion n’était pas aussi une découverte de la France. Comme beaucoup de jeunes gens de sa génération, Maxence n’a vu, à son entrée dans la vie, qu’un coin très étroit de son pays et que des mœurs très momentanées. Il a pris Paris pour la France, et pas même,