Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lité la plus poignante, puisqu’il représente la Patrie ! Et ce chef d’une patrouille dans le désert réfléchit, de la réflexion la plus individuelle, la plus solitaire, la plus semblable a l’oraison mentale par le reploiement, la retenue et la garde des sens. Les maîtres de la spiritualité reviennent sans cesse sur ce point. Un saint Bonaventure donne à la méditation religieuse pour première loi la rupture avec le monde extérieur : Sensuum revocatio ab exterioribus, et un saint Nil : « Non poteris orare terrenis negotiis et curis implicatus. Tu ne pourras pas prier, embarrassé des affaires et des soucis de la terre. » Il semble donc que le Centurion de ce Voyage doive apparaître comme un paradoxe impossible, comme la fantaisie d’un artiste littéraire hanté par le désir de juxtaposer des contradictoires. Entre parenthèses, ces mosaïques sont quelquefois des chefs-d’œuvre, ainsi les