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mort et la défaite. Dans les ruines du Ouaran, dans le charnier de Meïateg, partout la sombre et stérile folie de l’Islam l’a poursuivi. — Mais lui-même, quel est-il, sinon le vaincu et le maudit, quel est-il, sinon cet homme même qui avait soif ayant traversé le désert, sinon ce pauvre mort qui avait trop tardé ? Et la voix intérieure jaillit en lui avec les larmes :

« Ah ! oui, j’ai compassion de ceux-là qui sont abandonnés et qui sont tristes… Mais nous, qu’avons-nous fait, nous, les bénis du Père, nous, les enfants de l’élection ? Et que répondrons-nous, quand le Juge nous dira : « Je vous avais donné la plus douce terre et vous avez été mes préférés. Je vous avais donné ma France bien-aimée et je vous avais faits les héritiers de ma parole. C’est à vous que je pensais, dans la sueur de Gethsémani et c’est vous que j’ai nommés les