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t-il ses yeux de l’immuable croix ?… »

Il y a donc dans ce roman, et ce raccourci schématique suffit à le montrer, deux romans parallèles : celui de l’officier en marche sur un sol ennemi, qui scrute l’espace, scrute ses hommes, campe ici, ailleurs se bat, qui veille, interroge, commande, tend sa volonté à l’action, et il y a le roman du négateur qui souffre dans la foi absente comme il souffrirait dans un membre mutilé. Il a quitté la France et Paris pour servir, mais aussi pour échapper à une atmosphère d’anarchie intellectuelle et sentimentale où il étouffait. Il est venu demander à l’Afrique un emploi utile de ses trente ans, mais aussi une réparation, un rétablissement de sa vie intérieure, par le danger, par la solitude, par le contact quotidien avec une nature vierge et des hommes primitifs. Étant soldat, il agit, et quelle action, celle qui implique la responsabi-