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sein bienheureux de l’éternelle béatitude !…


La nuit est tombée sur l’Afrique, — nuit légère, nuit sans rêves. Des hommes sont dans la nuit, qui se serrent au trot puissant des chameaux. Nul bruit, car les pieds enfoncent sourdement dans la matière ouatée du sable. Nulle parole, car la fatigue se tait avec délices. Le chef est devant, il se penche sur le cou de sa bête dont il aspire avec contentement la fauve odeur… La journée a été bonne, il a fait chaud, on a marché, on a rêvé… Mais quoi ! Cette douceur terrible, qui est venue, ce Nom béni qu’il a redit, cette bonté en lui, ce cœur nouveau qu’il a senti battre dans sa poitrine, — ce n’est pas vrai, c’est un mirage qui tente et qui fait peur ! Et voici que Maxence ne sait plus ; il est là comme un pauvre homme tremblant ; il est là