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« Je sens mieux que nous sommes les vainqueurs et qu’ils sont les vaincus. Qu’avons-nous donc de plus ? Je ne sais… Quelque chose de plus riche et de plus vrai, — la conscience de notre dignité et de notre indignité. Ces deux sentiments sont en nous, ils ne peuvent pas nous tromper et ils ne s’accordent que dans le mystère chrétien. La connaissance du prix que nous valons et de l’ordure que nous sommes, deux certitudes égales et contraires qui ne s’accordent que par Jésus. Le sentiment de notre puissance et celui de notre impuissance, l’expérience intérieure de notre force et de notre faiblesse, de notre dépendance et de notre indépendance, mais tout s’accorde dans la Grâce. Le sentiment de notre liberté et celui de notre servitude, — deux joies infinies, deux pôles de béatitude infinie entre lesquels oscille toute notre action. D’où la force du chrétien :