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s’aventurerait, sur une coque de noix, au bord d’une mer dangereuse, ainsi il flaire l’étendue dangereuse, fait un bond, puis, dans le vent brûlant, s’arrête. Devant lui se déploie un immense tableau d’Afrique. Vers le nord-est, le guide nomme encore Touijinit. Mais vers l’ouest, c’est l’immense déroulement sans nom, c’est la portion blanche des cartes, c’est la géographie impossible du Sahara ! L’imagination bondit de dune en dune. Elle vole, sur de rapides dromadaires, pendant des jours et des nuits sans fin, et toujours c’est pareil, et c’est le même sable et le même ciel… La gorge est altérée, on défaille de soif… Marche encore, le puits est là-bas, là-bas… de l’autre côté de l’Afrique. — Mais du moins, ô Maxence, rien n’est capable ici de détourner ton cœur de sa patrie, et rien n’arrête ce céleste regard qui se repose amoureusement au delà des mondes…