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mal horrible de la terre qui seul la séparait du Ciel, et tout le poids de son exil, et toutes les flammes de l’Afrique, c’était le lieu de son attente et de sa purification. Mais déjà un certain bonheur était en lui, parce qu’il s’était détourné des voies communes, des voies sans nul espoir où gémissent les lâches et les médiocres, et qu’il voyait Jésus du fond de ses ténèbres, Jésus non possédé, mais désiré.

Et parfois, il prenait dans ses mains de fièvre les Évangiles. Alors cette clarté de Jésus se rapprochait. Il lisait, il ne voyait que le doute et la contradiction. Et puis, à point nommé, le mot divin éclatait, si fort, si serré, si net que Maxence en tremblait de tous ses membres, — si dur parfois aussi, ô mon Dieu, puisqu’il faut bien redire encore le mot de Vos disciples, oui, si dur et si dru, si vrai et si profond, qu’il emporte à tout jamais la