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lui, une surabondance de joie mystérieuse gonflait son cœur. Le matin, de bonne heure, il quittait sa tente, il marchait longtemps dans l’espace libre, ne ressentant que la force de sa jeunesse et la pleine possession de lui-même. Et parfois, avant de regagner le camp, il s’arrêtait auprès des puits. Trois ou quatre Maures tiraient de l’eau en poussant des cris rauques. Des chameaux étaient là, qui buvaient, et l’on n’entendait plus que les appels des bergers. Maxence fermait les yeux, étourdi par la marche et le soleil, par toute la vie profonde et pure et sérieuse qui le ceignait. Il oubliait en un instant toute la laideur du monde qu’il avait connu. Rien n’était plus autour be lui que la noble simplicité des nomades, une parfaite distinction, une douceur pastorale, ce jaillissement original de la vie que tous les intimes de l’Afrique ont connu…