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dans cette prison qui est lui-même. Mais que ferai-je pour sortir de cette mortelle langueur où je suis, et pour m’élever au-dessus des campagnes de la terre ?

Et la voix dit :

— Rien par toi-même. Tes pieds sont rivés au sol. Ce n’est pas toi qui te donneras des ailes, et tu es enfermé de toutes parts par la terre finie, dans le chiffre de la connaissance élémentaire. Mais voici venir Celui qui t’a promis la vie, il arrive pour dénouer les liens de ta captivité. Écoute, ô malheureux, les paroles de la délivrance. Envole-toi, fière colombe, rendue à son azur, envole-toi vers ce cœur percé de la lance, qui a saigné pour toi. Veille et prie…

Alors le voyageur s’arrête. La peine l’étouffe, le regret, il ne sait quelle vague nostalgie, l’obscur remords. Et la même plainte monte à ses lèvres, la même