Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contempler, avec des yeux d’amour, l’impérissable.

— Laissez-moi. Je suis bien ainsi. Les larmes des hommes sont belles, et leurs paroles suffisent à mon amour.

— Les larmes, ô voyageur !… Mais non pas toutes les larmes. Les larmes qui sont belles, tu ne les connais pas, parce que ce sont les larmes de l’espérance. Vois cet homme qui soupire aux pieds de son Dieu. Lui aussi, il est inquiet, mais c’est de la perfection ; lui aussi, il gémit, mais c’est de son exil. Lui aussi, il porte sa peine, mais c’est de ne pouvoir atteindre la plénitude de la beauté intérieure. Aussi sa vie est-elle comme le rejaillissement perpétuel de la sève dans le bourgeon multiplié, et la glorieuse ascension vers le plus haut ciel.

— Oui, cet homme est le plus grand des hommes et misérable auprès de lui est le stoïcien, à tout jamais enfermé