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parce qu’ils ont trouvé le port et que l’ancre a été jetée dans l’incomparable béatitude. Ô merveilleuse apparition ! Cela est-il possible ? Cela peut-il se dire dans la langue des mortels ?

Mais voici maintenant le voyageur. Le voici, lancé à travers le monde, à travers le péché. Il est avide des choses nouvelles. Il rôde en cercle, autour des champs de la terre, le regard oblique, la bouche amère. Il fuit ! Il fuit son âme, l’âme immortelle et divine qui est en lui, il fuit son âme, créée pour l’amour, son âme plus belle que le septième empyrée… Cependant, dans cette course affreuse, il s’arrête, il considère la route de sa condamnation, il a peur…

« Non, dit une voix obscure au fond de lui, il n’est pas possible que la vie soit là, dans cette rancœur, dans cette amertume immense de la conscience mauvaise. Il n’est pas possible que la vraie