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dans ta poitrine. Ô mon frère, cesse de pleurer devant l’horizon qui se tait. Le tocsin a retenti au fond de toi. Prends ton bâton, et marche vers ta douleur…


Une heure du matin. Maxence se dresse, à même le bain lunaire. La molle clarté ne suffit pas. Le paysage est incompréhensible, car l’on est arrivé là, à la nuit tombée, et la disposition même du camp reste mystérieuse. D’ailleurs, où sont ces hommes ? Nul ne le sait… Quelque part, en Adrar, très loin peut-être de ce Nijan, au nom tant désiré… Le chef a donné l’éveil. Encore ensommeillé, il titube au milieu des chameaux, agenouillés de tous côtés, et parfois l’un d’eux, qu’il a dérangé dans son rêve sans fin, gargarise un long cri lamentable… Combien n’en a-t-il pas vécu, Maxence, de ces heures incertaines de la nuit, où le cœur est vide, et ne souhaite plus