Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sachant infiniment bas. Et cela est vrai, puisque nous sommes dans la liberté, autant que dans la servitude : « La misère se concluant de la grandeur, dit Pascal, est la grandeur de la misère. » Et : « Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, qui nous prennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève. » Et encore : « La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. » Ainsi nos misères ne cessent de nous toucher, elles sont présentes, il suffit d’ouvrir les yeux. Mais en même temps, un instinct est en nous, qui nous avertit de notre dignité et de la place privilégiée que nous tenons dans le monde. Car, jusqu’au plus profond de notre corps, il y a la nature, et il y a la grâce.

Ô la douce, la pénétrante lumière ! Qu’il est heureux, l’inquiet soldat, quand il aperçoit ce bel équilibre de la raison