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Qu’il est beau, le ciel, vu du rivage de la terre ! Ô grâce mystérieuse de la vie, je te bénis ; ô source profonde, ô principe essentiel, je te loue, je t’exalte et je te loue ! Je suis, je respire profondément tout ce sol, j’ai ma place sous le soleil ! Ô miracle ! J’ai la permission formidable d’être un homme ! »

À qui parle donc ce Maxence, ce grand abandonné ? Il parle à son Père, à son Dieu qu’il ne connaît pas, et lui-même, il ne cesse pas d’être le lutteur qui a sa place marquée dans la mêlée. Il parle à son Père, mais il sait ce que peut son bras. Sa place n’est pas parmi les pacifiques, mais au contraire il a l’audace et toute la mâle vertu de la jeunesse. Il est celui qui forcera le ciel, il est ce violent qui ravira de haute main l’éternité. Il est celui à qui tout est permis. Ne s’est-il donc pas affronté avec la mort ? Tous ses soirs ne sont-ils pas des soirs de bataille ?