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les phantasmes de la nuit, salue les choses existantes dans le doux rayonnement de la lumière…


Un nouveau soir est venu. On a marché tout le jour, et voici une plaine blanche, poudrée de clartés, et nul ne sait son nom. Il y a des dunes faites d’un sable si léger, que nulle herbe n’a pu s’y fixer. Le monde est dans l’attente de la nuit. Le soleil lui-même s’est tu. Et plus grand, plus lourd encore est le silence de la fatigue humaine. Maxence veille, étant celui qui est toujours debout, et que toujours l’on voit dressé comme un pilier puissant au-dessus de la terre. Alors l’immense action de grâces s’échappe de sa poitrine : « Je suis content, ô terre, de me retrouver parmi toi. Qu’il est beau de baigner dans la vie, et d’être parmi elle, comme la barque, sur un fleuve débordé, lutte contre le courant, et chante !