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de Maxence, et l’absence de bruit succède aussitôt à la rafale aiguë de la mousqueterie. « Le jour ne se lèvera-t-il pas ? » pense le chef, dilatant sa pupille sur l’abîme. Soudain, une clameur, la mêlée épouvantable, des cris de rage !… L’ennemi s’est glissé par le joint et a pénétré, par le défaut du roc, jusqu’au camp. Maxence, ivre de colère, se précipite, la pointe du sabre en avant. Il fonce, il a au bout de son bras la sensation de la graisse humaine transpercée. Tous les siens, dans l’effort désespéré, frappent tête baissée, et le sang coule immensément de toutes parts. Enfin le jour paraît, il envahit la scène : le désert indifférent et le petit cercle de la passion humaine exaspérée. Partout où était l’ombre sinistre est le soleil, illuminant le carnage et la folie sinistre des hommes… Les Maures ont fui. C’est fini. On est comme à la fin d’un rêve, quand l’homme, après