Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une déchirure soudaine de la nuit. Maxence a bondi près des siens :

« On ne voit rien, ne tirez pas ! » La suspension de l’attente silencieuse, puis le crépitement des coups de feu perçant l’ombre de toutes parts. Le bruit dessine dans l’invisible la ligne sinueuse de l’enveloppement. « Seule, la confusion pourrait nous perdre, raisonne Maxence dans un éclair ; si ces enfants terribles restent calmes, je suis sûr de mon affaire. » Car sa troupe est placée sur un terre-plein, avec la défense naturelle de rocs amoncelés. L’ennemi se trouble devant l’obscurité qui ne donne pas réponse. Les coups de feu s’égrènent, puis dans un sursaut, se resserrent. On sent des larves humaines qui progressent dans la matière épaisse de la nuit. « Ah ! les voici, dit Maxence… Deux cartouches seulement… Feu !… » L’immense détonation couronne le faîte, le cercle de la flamme est autour