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Et soudain il s’arrête, car il a perçu, au fond de l’ombre froide, toute la douce musique de la patrie. Puis, brusquement « Oh ! que je voudrais tuer ce chien-là ! » Il suppute la direction de l’attaque, mais ces combats de nuit sont traîtres : il ne les aime pas. La promenade reprend, monotone, interminable. À mesure que l’heure approche, il sent mieux l’immense présence de la mort, et il se considère avec gravité en face d’elle. « N’est-ce donc rien, dit-il, que de mourir ? N’est-ce donc rien que ceci, qui n’est pas en moi le corps périssable, soit fixé pour l’éternité dans l’arrêt instantané de la vie ? Je ne sais, mais on voudrait, à cette heure, que l’âme fût claire et sans tache. On voudrait dépouiller toute la misère humaine, et que la laideur du péché fût effacée. Voici devant moi, le champ de la Mort, et il est beau comme la Terre de la Promesse. Voici l’ange tenant le