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des rayons divergents, semblables à de vastes plissements, partaient du point où il était tombé. Mais ces rayons n’étaient pas faits de lumière. Ils n’étaient que des traînées obliques d’un rose vert, un peu plus pâle que le reste du ciel. À ce moment, la plaine parut au voyageur d’une immensité prodigieuse. La chaîne de Tahament, vers laquelle il marchait depuis trois jours, était d’un gris très pâle et pourtant elle faisait une vive découpure sur l’infinie profondeur du couchant. Rien, hors d’elle, dans la plaine, n’attirait le regard, sinon une faible ligne argentée, — et c’était un de ces lacs éphémères de l’hivernage qui, après quelques jours, disparaissent, parfois pour plusieurs années. De grandes choses peuvent assurément se faire par ce ciel-là. Son silence et sa profondeur pressent Maxence, et le projettent hors de lui-même, dans cette région qui n’est plus donnée par le témoi-