Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maître… » Et vraiment qu’étaient les épreuves et tous les cercles de la douleur, en regard de ce bien immense qu’il possédait ? … Malheur à ceux qui n’ont pas connu le silence ! Le silence est un peu de ciel qui descend vers l’homme. Il vient de si loin qu’on ne sait pas, il vient des grands espaces interstellaires, des parages sans remous de la lune froide. Il vient de derrière les espaces, de par delà les temps, — d’avant que furent les mondes et de là où les mondes ne sont plus. Que le silence est beau !… C’est une grande plaine d’Afrique, où l’aigre vent tournoie. C’est l’océan Indien, la nuit, sous les étoiles… Maxence les connaissait bien, ces vastes espaces semblables aux fleuves sans bords du Paradis. Et cette grande descente, au fil du temps, quand d’abord le silence clôt les lèvres, et puis pénètre jusqu’à la division de l’âme, dans les régions inaccessibles où Dieu repose en nous. Et quand il sortait