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étaient tendus vers le but qu’ils poursuivaient dans l’espace, comme des cordes prêtes à se rompre. Le soir même, l’on repartit pour franchir l’Adrar Souttouf. Vers dix heures, Maxence se trouvait entre deux parois de pierres qui devaient être l’entrée dans le massif. Les chameaux n’avançaient plus qu’avec peine. Le fond des monts apparut, derrière les décombres du couloir, et parfois, aux épines d’un arbre suspendu aux flancs des rocs, le burnous du jeune chef se déchirait. On était perdu dans les rocs de l’Adrar Souttouf, là où sans doute aucun être humain n’avait encore passé, dans les solitudes sauvages que trouble seul, de loin en loin, le passage d’un mouflon solitaire. Cette pensée, un peu grisante, arrachait Maxence à son souci et détournait son regard de la voûte obstinément fixée. Pourtant une échappée apparut sur la droite : c’était une pente