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Au puits de Bir Guendouze, les vivres étaient à peu près épuisés. Maxence hâta la marche sur Bou GoufFa. La chaleur était devenue intolérable. L’air était si pesant que l’on entrait dedans comme un nageur faisant effort pour fendre une eau morte. Le ciel se chargea d’une fine poussière jaune, pénétrée de lumière diffuse. Des chameaux tombèrent morts d’épuisement. Le météore était comparable à une cloche de cuivre ayant perdu la propriété de la résonance, et s’abattant sur le monde frappé de stupeur. Maxence craignait de perdre tous ses animaux et il voulut marcher la nuit. Mais la lune et les étoiles étaient cachées par la brume, ce qui rendait la direction impossible.

Le troisième jour, on était parti avant l’aube. Lorsqu’elle parut, Maxence arrêta sa troupe pour la prière du matin. L’immense plaine se taisait, comme si la res-