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Courte trêve ! Brève diversion à ces heures pesantes où l’homme, perdu au plus profond de la terre, est le prisonnier de son horizon scellé ! Encore une fois, un Maure, — le même Sidia, — devait ramener Maxence à l’objet de son intérieure négociation, et le mot tomba comme l’allumette sur la meule, un jour d’été.

À Port-Étienne, le jeune officier aimait à quitter le poste et à venir, avec quelques-uns de ses compagnons, sur la plage étroite qui s’enfonce vers le sud comme un coin entre deux masses d’azur. Là, des barques de pêche se balançaient mollement, et plus loin une grande carène gisait, à moitié recouverte par le flot. Maxence s’amusait à suivre des yeux les pêcheurs espagnols des Canaries qui balaient sur le sable de lourds filets chargés de poissons. Il était comme dans l’immense repos d’un rêve étoile de soleils. Seuls, les cris gutturaux des pêcheurs