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sent une brusque détente, après le naufrage de tout dans le débordement des larmes.

Si loin qu’il aille en lui, il ne découvre en lui que le sentiment de la sécurité et l’assurance d’une félicité sans trouble. Le désert est derrière lui, mais il en a détourné son regard, comme si jamais plus il ne devait y vivre, et dans la joie du beau spectacle nouveau, il se donne à l’Atlantique retrouvée. Voici la satisfaction profonde du flot remplissant exactement la coupe. Quelle est l’âme dolente que la vague océane ne libérera pas, portée par le rythme de la respiration marine ? Maxence, lui, les pieds sur la terre ferme, pose son regard candide sur le gouffre. Et parfois il épie le marsouin bondissant au-dessus de l’écume, — ou bien il suit le vol des immenses cormorans fonçant du fond du ciel sur l’arête aiguë de la lame…