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mer scintillait. Elle semblait s’étaler en des formes qu’on ne comprenait pas. La ligne du rivage, mal dessinée, elle-même achevait de donner à ce spectacle l’aspect de la confusion.

Enfin les hommes du fond des terres arrivèrent à ce point précis où la nappe liquide, dans la dernière vague expirante, prend contact avec l’élément minéral, et à l’extrémité même du continent. Alors, s’étant arrêtés, ils mirent le pied dans l’eau, afin de constater la réalité de cette chose immensément vivante devant eux. Au contraire des tristesses molles de la lagune, c’était la joie achevée d’un golfe aux lignes pures qui les accueillait, et la courbe harmonieuse de ce rivage remplissait tous les cœurs de paix heureuse. Maxence ne disait rien, ne ressentant au dedans de lui qu’une immense libération du passé. Il était comme un homme ayant beaucoup pleuré, et qui