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veilles solitaires sous les étoiles, ou la longue patience des routes nocturnes, tout devait ramener Maxence à cette lutte ardente, à ce corps à corps de l’homme avec lui-même, dans l’azur de l’espace intérieur.

Mais si, d’aventure, la loi du silence est transgressée, c’est pour qu’une parole plus profonde monte aux lèvres de cette demeure qui est dans l’âme inquiète celle de Dieu. Un matin, le jour après qu’ils eurent franchi le désert Tiris, Maxence et ses compagnons se réveillèrent au puits de Bou Gouffa. Minute impérissable ! C’était au milieu d’une lande qu’ils reposaient, et des touffes de plantes y poussaient à l’envi, dont le vert pâle était celui des bruyères du pays de Galles. Une rosée abondante couvrait le sol, car déjà l’influence de la mer amollissante se faisait sentir. Vers l’est, les sombres dentelures de l’Adrar Souttouf apparaissaient,