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penser. Et le jeune homme qui, dans son pays, n’a jamais entendu parler que d’un monde sans Dieu, s’il reste auprès des siens, il suivra cette route facile où on l’a engagé, mais s’il vient dans les thébaïdes d’Afrique, rendu à lui-même, il remettra tout en question, il demandera le contrôle et la vérification.

Maxence, malgré les aspects toujours changeants de la vie nomade, ne pouvait détacher sa pensée de cet unique point où il sentait que sa destinée était en jeu. Vers la fin d’avril, laissant le camp sous la garde d’un sergent, il partit avec quelques méharas dans la direction de l’ouest. Il voulait atteindre en ligne droite le petit poste de Port-Étienne, sur les bords de l’Atlantique, à quatre-vingts lieues de Zoug. Les longues heures à chameau, devant le déroulement monotone de l’espace vierge, les haltes dans le silence infini des hommes et des choses, les