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Maxence revient lentement, car il n’y a pas d’utilité à aller vite. Des Maures déjà sont accroupis en cercle, au seuil de la tente. Il rentre, et, les dévisageant d’un regard aigu, il s’asseoit sur la natte. Puis il les écoute, et il parle avec mesure, selon l’équité et la raison, rendant à chacun son dû et disant ce qu’il est utile de dire… Un nouveau soir est descendu. Une nouvelle nuit est venue, la même nuit est venue, si pure, si sauvage, que toute voix se fait douce devant elle, et bientôt cède et se résout dans l’universelle attention…

Toute chose est simple et bien en place. La vie profonde a rejailli du bourgeon primitif. Toutes les branches mortes, toutes les feuilles jaunies sont tombées, et il ne reste plus que la grande poussée intérieure de la sève, et le travail mystérieux de l’éclosion. Goûte, ô exilé, la joie d’être vrai ! Le monde occidental n’est