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disait-il, à la borne septentrionale de notre empire. Au delà est l’inoccupé, le pur espace inemployé. Mais comment arrêtera-t-on ce large mouvement que nous y décrivons de proche en proche ? La force qui nous pousse est invincible, parce qu’elle est ordonnée comme ces réduits mêmes où nous sommes, et qui portent, sans le vouloir, tout le sens de notre action. Que faire contre la force, unie à la raison ? C’est un flot discipliné qui roule d’un bord à l’autre du Sahara et non la masse brutale qu’aucune pensée n’anime. Quelle puissance humaine pourrait donc arrêter ceux qui donnent un monde à la France ? »

Du haut de la véranda du nord, on est presque dans le balancement des palmes. Au pied des fûts graciles, des chevaux hennissent. Des hommes, des enfants passent. Et derrière ce jeu d’ombres qui tremblent, la vue reprend pos-