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sur lui-même. Mais voici qu’en ce jour, son regard ne pouvait se détourner de la Dame très lointaine que les péchés des hommes faisaient pleurer.

Toute la misère de sa vie s’était ramassée dans cette sombre équipée d’Atar : d’abord, sa fièvre ardente du vrai, l’impuissance de sa pensée, et puis, devant le plaisir qui s’offrait, son indigne faiblesse, et tout le désordre d’un cœur qui, soumis à lui seul, reste impuissant devant son mal. Lorsqu’il avait entendu ces voix si bien assurées de la mosquée d’Atar, il avait éprouvé le goût violent de l’absolu. Mais maintenant, après le clair regard intérieur, il songe à la pureté — apercevant de tous côtés l’abîme et le manque total de Dieu. « Non, dit-il, rien de ce que je trouve en moi n’est la grandeur, et rien n’est la beauté. Mais au contraire, je me découvre semblable à ces médiocres, qui ne peuvent concevoir