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derrière l’épais rideau d’ombre, l’étendue du sable apparaît, blanchie elle-même par l’étendue sidérale qui lui fait face. Et Maxence, dans cette heure si douce, si confidente, s’anéantit. Faire un pas de plus, remuer seulement un de ses membres, lui serait absolument impossible. Subitement, le ressort intérieur se brise, le sommeil renverse par terre l’énorme soldat, tout son être disparaît dans un dernier et immense soupir, chassant l’esprit au dehors.


Le premier rayon du soleil, balayant la plaine avec le rêve nocturne, soulève doucement la lourde paupière. L’homme nouveau se dresse, et, tandis que le regard prend possession du monde, et rentre dans la grande amitié des choses créées, tout ce qui fut d’hier est aboli et le trait noir de la nuit a été tiré au bas d’une page finie…