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Nulle main ne se tendra… Mais Maxence frissonne ; son cœur, frappé de terreur, s’arrête de battre : n’est-il pas, sur toute la terre, un étranger, et non point ici seulement, mais partout ? Est-il un seul lieu dans le monde où il puisse dire : « Voici le terme du voyage, voici le sol où tout est mien et voici les frères de ma pensée et de ma prière ? » En quelque point du globe qu’il aille, il est seul, il tourne sur ses péchés cachés au monde, il est le maudit que rejette la douce communauté humaine. Mais tandis que l’infortuné sent tout sombrer autour de lui, des voix sortent des murs épais d’une mosquée. C’est l’heure où tout l’Islam psalmodie la Sourate des Infidèles, et Maxence répète lentement la sombre prière, qu’il a lue dans le Livre : « Souratoul el koufar. Dis : Ô infidèles ! Je n’adorerai point ce que vous adorez. Vous n’adorerez point ce que j’adore. J’abhorre