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ombres, fixées au plus secret repli de la terre, il montre enfin son âme, toute pauvre et nue, son âme qui a déjà vaincu le monde.

Le galop de la conquête, la pressante réalité l’étouffent, lui font mordre les lèvres… 10 décembre 1908, à Moudjéria. Les Maures disent : « Jamais les Français n’entreront dans l’Adrar. » Le 5 janvier, cinq cents Sénégalais sous nos ordres entrent à Atar après une marche de cent lieues, hérissée de difficultés. Quelques jours avant, la résistance avait été brisée à Amatil, puis à Hamdoun où la canonnade avait promptement déblayé le terrain. Puis, pendant dix mois, ce sont nos colonnes volant aux quatre coins du désert, les tribus venant jeter leurs armes à Atar, l’établissement méthodique de la paix française, l’imprudence folle dans l’offensive, la sage prudence dans l’organisation du territoire, le souci