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C’en est assez, Maxence connaît ce langage. Il sait ce que sont ces combats africains, ces deux lignes affrontées qui se voient et se jettent des insultes, au milieu des rafales formidables du feu, la joie, la haine, visibles sur tous les fronts, la lumière royalement épandue, et le chef à la poitrine nue dont la voix s’essaie à dominer le tumulte, — pour tout dire, cette haute couleur militaire, cette grande allure tout engagée dans la beauté épique. Il sait tout cela, et il préfère à ces souvenirs brûlants l’humble cimetière où reposent les siens. Là, des croix rustiques, avec des noms, marquent la place de ceux qui sont tombés, d’autres tombes — sans croix et sans nom — sont celles des Sénégalais, pressées et alignées comme au moment du défilé. Et Maxence, dans l’attitude de la méditation, se tait devant la poussière anonyme du passé, dont il voudrait scruter d’un esprit sûr, la signi-