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Maxence salue avec emphase le lieu où fut cette grande cohue de 1909, aujourd’hui plus silencieux que le pôle. L’abri où il va s’étendre est proche du bastion où nos mitrailleuses furent placées et il ne reste de ce bastion que de larges haies en branches épineuses, plus qu’à moitié recouvertes par le sable. Tout alentour est suspendu dans l’arrêt de la mort, tout est noyé immensément dans le passé. Un tirailleur, un jeune Samoko, est avec Maxence. Il a assisté au combat, enterré nos morts sous le feu de l’ennemi et il a été nommé pour ce haut fait tirailleur de première classe. Ses souvenirs sont confus. Il parle des morts jaillissant dans le bastion, le sergent français emportant les mitrailleuses sur son dos ; encore étourdi par la mêlée hurlante, il dit les cris des femmes qui étaient venues trépignantes d’Atar, et, du rebord médian de la montagne, excitaient leurs maris au combat…