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Ah ! certes, c’est un mystère défendu que celui-là, et la pensée, prise de vertige, défaille, si elle veut pénétrer dans la scène véritable du drame, dans ce lieu de rafraîchissement éternel où réside l’unique et substantielle Réalité. Que cette pauvre pensée humaine ose pourtant s’aventurer sur le rebord de l’abîme, et elle verra le Maître des mondes innombrables penché sur cette terre qu’Il a voulue belle et dont Il se réjouit dans l’éternité. Car, entre toutes, Il l’a choisie, et en elle, plus que dans les milliards d’astres qui L’entourent, Il se complaît, et c’est en elle qu’Il se repose, en elle à qui son Fils fut envoyé. Or voici que, penché sur notre terre, entre toutes, le Maître se recueille et qu’Il observe ces âmes qu’il a faites selon Lui. Dans sa soif ardente de se donner, dans ce désir ineffable d’être aux hommes, Il s’impatiente, Il épie la moindre bonne volonté,