Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

geur, lorsqu’il s’arrête ici, découvre dans son cœur de grands espaces inexplorés. Toute cette misère — celle de la terre et la sienne propre — il s’y sent à l’aise, il y est chez lui, il est le maître de son domaine. Très naturellement à lui est cette misère et ce sont au contraire les torchis des cités, ces avenues populeuses au long des fleuves, et c’est la ville moderne qui n’est pas à lui.

Mais encore cette matière exigeante ne souffre-t-elle que des soldats, et c’est là, loin des usines et des entrepôts des marchands, qu’ils se reconnaîtront les uns les autres, et que, s’étant reconnus, ils chanteront la joie immense de la délivrance. Alors, dans l’immobilité crucifiée de la terre, ce sont les vertus qu’ils aiment, c’est la simplicité, c’est la pure rudesse qu’ils revoient et qu’ils bénissent. Magnifique reconnaissance ! Loin du progrès et de l’illusoire changement,