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prendre pied. Puis le sable cesse, et toute végétation. Puis on franchit un col mal dessiné, et la pierre — la pierre noire comme charbon, la pierre rugueuse et mortifiante de l’Adrar — vous enveloppe de tous côtés. Voici, en effet, la porte de l’Adrar, l’entrée du cœur même, l’accès au plus intime du soulèvement granitique. Alors l’on est dans le silence et dans la mort. Dans les cirques sombres, semblables aux « bolges» de Dante, pas un arbre, pas un brin d’herbe. Or Zli est la plus basse fosse, le lieu par excellence du désespoir et de la terreur. De tous côtés, de noires murailles aux replis vierges bornent l’horizon, et parfois, une grande masse isolée, comme ces tas de charbon pulvérulent que l’on voit aux approches des gares et des usines, se dresse aux sombres carrefours. Tout se tait, — sinon le vent, car on est à l’origine du vent, et dans l’atelier même